Login

“Nantes, ville gourmande !”

Pour Franck Coutant, paysagiste au SEVE de Nantes (au centre), les « Stations gourmandes » (ici le square Daviais) servent de support à des ateliers pour enfants et des visites pour adultes.PHOTO : VILLE DE NANTES

Paysagiste au service des espaces verts de Nantes, Franck Coutant invite à découvrir les « Stations gourmandes ». Conçues autour de potagers et de vergers, elles permettent aux citadins d'en profiter...

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Dans le cadre de « Nantes Capitale verte de l'Europe 2013 » et d'une action baptisée « Le voyage à Nantes » (*), le service des espaces verts (SEVE) de la ville a mis en oeuvre une démarche originale, les « Stations gourmandes », pour que les citadins se réapproprient les espaces verts en lieux de vie, à partir de mai et durant toute la belle saison. En 2012, les trois premiers sites principaux ont été dispersés au coeur de la ville, les citoyens et les touristes pouvant cueillir et déguster librement des fruits, des légumes et des aromatiques, mais aussi se détendre ou se reposer dans ces lieux en accès libre. En 2013, sept « Stations gourmandes » se sont ajoutées, plus particulièrement dans les quartiers périphériques dits « d'habitat social ». Elles ont été installées sur des cheminements, à des croisements stratégiques, à proximité d'équipements sociaux... pour inciter à des changements d'usage ou être en cohérence avec le projet urbain et social.

« Cerises, framboises, tomates, pêches, pommes, poires... Nous voulions faire redécouvrir les plantes qui nous nourrissent et que les habitants se réapproprient l'espace public. Peu à peu, Nantes devient ville gourmande ! », souligne Franck Coutant, paysagiste au SEVE de Nantes.

Au sein du square Daviais, la grande pelouse a accueilli à partir du printemps 2012 la plus importante de ces stations sur le thème des plantes à fruits, avec beaucoup de framboises et de groseilles, auxquelles se sont ajoutées des aromatiques. Le rang côté rue, très fréquenté, sert d'écran pour cacher un peu la circulation, et le mobilier urbain participe de la démarche : tables pour pique-niquer et bacs à fleurs en matériaux rustiques (caisses de transport de légumes, pallox, cageots, planches brutes...).

Au milieu des tables, il suffit de tendre les bras pour se servir sur les arbres tiges... quand ils sont en fruits. En 2013, pour compléter la mise en scène, une école a travaillé à la construction de nichoirs. Place Graslin et sur la pelouse de l'Île Feydeau, un tas de compost, vite recouvert des tiges volubiles et fleurs de capucines et cucurbitacées, accueille les végétaux recyclés. À l'arrêt des tramway et bus Duchesse Anne, un verger de pêchers, pruniers, cerisiers, abricotiers, figuiers a été installé sur le coteau, avec des vignes envahissant le mobilier. La cour de l'ancien château des ducs de Bretagne a accueilli une trentaine de pommiers de 6 m de haut, dans de grands bacs de 1,5 x 1,5 m, permettant de reconstituer un verger. Au pied, se trouvent des tapis de fraises. Des poiriers en palmettes évoquent des bougeoirs. Des tables de pique-nique sont situées au centre de la cour. Et plusieurs petits squares sont organisés en « parcs potagers » entourés de haies, évoquant les jardins familiaux.

Dans tous les sites, pour favoriser la biodiversité, oiseaux, abeilles, bourdons, pucerons et coccinelles se développent d'autant mieux que les parcelles reçoivent des fleurs mellifères, du sarrasin, des nichoirs, des hôtels à insectes... : il y a à manger pour tous. « Ces espaces ont été très bien accueillis. Nous constatons que les citadins et touristes viennent spontanément y manger leur collation le midi ou boire une bière le soir », constate avec satisfaction Franck Coutant. Il est juste conseillé de rincer les fruits cueillis et de les déguster avec modération.

La pépinière municipale du Grand Blottereau prépare la moitié des végétaux (l'autre moitié provient des pépinières locales), le SEVE installe en avril-mai et entretient après analyses de sol. Certaines plantations sont réalisées par les habitants, des associations locales, des centres socioculturels et de loisirs. « L'initiative est relayée lors des fêtes, “Ma rue en fleurs”, “Le printemps des voisins”, et d'autres animations ponctuelles durant l'été à l'initiative de partenaires », poursuit le paysagiste. Puis les habitants sont invités à utiliser les équipements, et à entretenir les espaces plantés. « Cela fait dix ans que nous avons commencé à introduire peu à peu des fruitiers dans les massifs de la ville. Sans compter que nous mettons à disposition 1 000 parcelles de jardins familiaux classiques. »

Événementielle en 2012, l'opération « Stations gourmandes » devient pérenne. Elle est reconduite en 2014, avec pour ambition de permettre à tous la découverte et l'apprentissage de la nature en milieu urbain, en libre accès 24 heures/24. S'ajoute la volonté de renforcer le lien social dans ces lieux d'échanges de savoirs, de bonnes pratiques et de moments conviviaux ouverts sur les quartiers. « Il est inconcevable d'envisager un arrachage brutal ou un arrêt », affirme Jacques Soignon, responsable du SEVE de Nantes. Déjà, la démarche a fait école : La Roche-sur-Erdre (44) l'a expérimentée avec succès en 2013.

Odile Maillard

(*) Parcours d'une trentaine d'étapes où des oeuvres d'art sont exposées dans la ville.

À la station de tramway et de bus Duchesse Anne, un verger de pêchers, pruniers, cerisiers, abricotiers, figuiers... a envahi le coteau, et des vignes, le mobilier urbain.

PHOTO : VILLE DE NANTES

Habitants et touristes viennent pique-niquer, échanger, se reposer au square Daviais où arbres tiges et mobilier très rustique ont été installés.

PHOTO : ODILE MAILLARD

La cour du château des ducs de Bretagne héberge un verger de trente pommiers de 6 mètres de haut.

PHOTO : ODILE MAILLARD

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement